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La gestion du stress en compétition

Mise en ligne : 15-10-2013
Dernière mise à jour : 02-05-2016
La gestion du stress en compétition

Le parcours d'Al Oerter, le discobole, est emblématique. Médaille d'or à Melbourne en 56. Après un grave accident et 3 ans de rééducation, il participe aux Jeux Panaméricains en 59 et termine 1er. En 1960, à Rome, il gagne encore. En 1964, à Tokyo, avec une côte fracturée et une minerve, il gagne quand même, à son dernier essai. Toujours 1er en 68 à Mexico. Sombrant dans les profondeurs du classement entre les Jeux, il n'était jamais favori, mais toujours là le jour J. En France, nous avions Anquetil et Poulidor. En Belgique, ils avaient Ceulemans.

On dit qu'il y a deux sortes de stress. Le bon et le mauvais. En fait, il y a deux types de réponses. La réaction adaptée ou l'inhibition de l'action. Si un lion entre dans la salle à manger, soit vous lui enfoncez le balai dans la gueule en téléphonant de l'autre main pour appeler le zoo, soit vous restez bloqué sur votre chaise en espérant qu'il va bouffer votre voisin de table. Caricaturalement, on peut opposer deux caractères : le tourmenté, respectueux du code de la route et craintif pour sa santé, celui-là brille à l'entraînement, dopé par l'absence d'opposition et par sa propre réussite ; et puis il y a l'accro à l'adrénaline, qui a besoin du danger pour repousser ses limites.

La gestion du stress, à l'instar des comportements alimentaires ou sexuels, est d'origine biologique. Elle est régie par l'hypothalamus, à un endroit difficilement maîtrisable par la volonté. C'est un fleuve puissant. On peut en aménager les bords, colmater les fuites, monter quelques digues pour les périodes de crue, mais jamais le fleuve ne coulera dans l'autre sens. Le dicton affirme qu'on ne fera jamais d'un âne un cheval de course. On pourrait dire moins crûment qu'il faut être modeste dans ses ambitions. S'améliorer, oui. Se transformer en bête de match, certainement pas.

Que font les joueurs de billard pour gérer leur stress ?

Il y a encore quelques années, quelques champions rongés par l'anxiété se shootaient aux "benzo" (Valium®, Temesta®). Mais endormir l'organisme n'améliore pas les performances. Puis vint le "pétard", censé développer la zen-attitude. On ne gagne toujours pas mais on s'en fout. Seuls les bêta-bloquants, largement utilisés en cardiologie, sont réellement efficaces, en diminuant tremblements, transpiration et tachycardie sans altérer la vision du jeu. Dans les années 80, tous les sportifs de haut niveau pour le tir, le snooker ou le pentathlon moderne étaient sous bêta-bloquants1. Hélas, tout cet arsenal est maintenant interdit et les récents contrôles antidopage au billard exposent le joueur fautif à une suspension temporaire ou définitive. Restent la clope et le pastis qui ne sont pas encore contrôlés…  

Plus sérieusement, que peut-on conseiller aux familiers de la "tête dans le sac" ? Sujet porteur. Le web fourmille de solutions : coaching, préparation mentale, sophrologie, kinés. On y trouve même l'iridologie, la micronutrition, la phytothérapie, l'aromathérapie, et j'en passe. Tous expliquent qu'il faut éliminer le stress. C'est une erreur. Le stress n'est pas l'ennemi, mais la réaction d'un organisme soumis à des choix incertains. C'est le blocage de la pensée et l'angoisse qu'il faut lever. Les TCC (Thérapies comportementales et cognitives)2 brèves, validées scientifiquement, visent à remplacer les idées négatives et les comportements inadéquats par des réponses adaptées : relaxation, analyse des pensées, mise en situation. On y apprend aussi à modifier la perspective de ses émotions et à accepter le stress comme une chose naturelle. Alors si vous êtes phobique ou TOCqué, appelez un psy cognitiviste : ça marche.

Si vous êtes dans le top 10 au tennis, golf ou formule 1, engagez un coach mental. Mais si vous êtes simple joueur de billard, vous pourrez peut-être vous contenter de quelques conseils de simple bon sens.

- Améliorer son niveau de jeu. Un N3 peut battre un N2, mais jamais il ne battra un Master. Au tennis, il a fallu qu'Ivan Lendl devienne beaucoup plus fort que ses adversaires pour arriver à gagner une finale.

- Multiplier les matches. Il est plus facile de se maîtriser si on joue souvent plutôt que si on joue toute sa saison sur une journée. Et gagner une fois permet de se persuader que, finalement, c'est possible.

- Tous les échecs ne sont pas liés au stress. Il vaut mieux avoir une bonne hygiène et attendre d'avoir gagné pour faire la fête : le manque de sommeil et les gueuletons réduisent les performances. Le café réveille mais augmente l'anxiété. L'alcool détend mais perturbe le jugement.

Et si votre cœur accélère en jouant le toss, pas de panique, c'est que tout va bien.

Michel Dumas, Commission médicale.

Notes

1- Barrie Houlihan : "La victoire, à quel prix ? Le dopage dans le sport" Editions de l'Europe.

2- http://www.aftcc.org/therapie.php

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